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Personnal Best (PB's) ; 5000m--14:57--Boston (2011) ; 5k--15:01--Québec (2013) ; 10k--30:41--Vancouver (2013) ; 15k--47:56--Chicoutimi (2013) ; Demi--68:33--Montréal (2010) ; Marathon--2:23:21--Philadelphia (2012) ; 50 miles--6h44:13--Hamilton (2017) ; 100miles--18h33:59--Vermont (2017)

samedi 19 octobre 2013

Retour de Chicago

Je vais commencer par une anecdote racontée par Yves Boisvert dans son livre Pas où il fait part d’un récit journalistique lors de la conférence de presse qui suivait le marathon des femmes des Jeux olympiques de Londres.
Pendant que tout le monde s’affairait autour de la championne éthiopienne Gelana et des autres médaillées, une femme était assise à l’écart, l’air de souffrir. C’était Constantina Dita qui venait de terminer l’épreuve en 2 h 41mins. C’est fulgurant, 2 h 41mins, si vous voulez mon avis. Mais quand on a pris la médaille d’or à Pékin en 2 h 26mins, finir incognito 86e aux jeux suivants en 15mins de plus, c’est toute une dégringolade. Oh ce qu’elle doit être déçue! Pas un seul journaliste pour recueillir ses états d’âme. Personne autour d’elle, en fait. Elle était dans sa chaise à se masser les jambes. «Comment allez-vous, Mme Dita?» Son visage s’est illuminé. «Ah! Je suis tellement contente d’avoir terminé. J’avais mal au dos, mais j’ai couru jusqu’à l’arrivée. Non vraiment, je suis satisfaite.» Et grand sourire. Elle avait 42 ans et 195 jours en cette journée olympique et elle a couru les 42,195 km jusqu’à la fin. Elle était authentiquement contente. D’autres auraient trouvé cette fin de carrière olympique indigne et auraient abandonné. Elle avait au contraire l’ambition de l’amateur moyen : se rendre à la ligne d’arrivée. Survivre à la douleur. Et être fière d’y parvenir. L’expression de cette joie aussi simple que vraie m’a pris totalement par surprise. Ça ne cadrait pas du tout avec le schéma narratif olympique. Vous savez, le frisson de la victoire et l’agonie de la défaite, tout ça…Une championne n’est jamais censée se trouver contente de juste finir. Il y avait une beauté tout à fait inattendue dans cette satisfaction du travail fait jusqu’au bout. Je l’ai saluée très rapidement et lui ai tourné le dos avant d’être ridicule d’émotion.
J’aime ces histoires simples d’athlètes qui transpirent l’humilité. Pourquoi je vous relate ceci? Et bien, c’est parce que c’est exactement le sentiment qui m’habite suite à ma participation au marathon de Chicago. Pas d’arrivée triomphale, fier d’avoir complété l’épreuve et fier de ce que j’ai accompli durant les trois derniers mois. Les grands sages nous disent qu’un marathon c’est 30km de réchauffement avec 12km de course. Dans mon cas à Chicago ce fut l’inverse. Très tôt dans la course, j’étais pris avec toutes sortes de maux, dont d’importants problèmes à l’estomac. J’ai tout même foncé en espérant que les choses se replacent. Les 5 premiers km en 16:23; les 5km suivants un peu plus lents en 16:26; les 5km d’après encore plus lents en 16:41. J’ai bien vu que les choses ne se replaceraient pas et ma course était jouée. Mais, il restait les 2/3 à compléter et ma condition physique s’empirait. J’ai continué en pensant à mes enfants à qui j’aurais bien de la difficulté à expliquer un lâche abandon. Ce fut probablement le marathon le plus pénible qui m’est eu donné de courir. Mes jambes bétonnées par l’entraînement n’ont évidemment pas souffert, je n’ai frappé aucun mur, ce fut plutôt une longue bataille. Vidé physiquement et surtout, émotionnellement, je titubais en solitaire dans la zone de récupération après l’arrivée. Peinant à apprécier pleinement les nombreuses marques de félicitations et de reconnaissances des bénévoles, je cherchais simplement à reprendre de la vigueur. Mon temps final 2 h 27mins, assez loin de mon meilleur temps et de mon objectif, mais aucunement déçu et pleinement satisfait de ma course. Et comme je disais, fier d’avoir terminé. J’ai fait avec ce que j’avais en cette journée. À l’aéroport en arrivant, mes enfants se sont empressés de courir vers moi pour m’accueillir. Pas le marathonien, mais bien le simple papa à qui on vient fièrement montrer ses coquettes bottes de pluie achetées au cours de la fin de semaine. Et c’était parfait comme ça.

mardi 1 octobre 2013

24h Chrono

Le temps est souvent ce qui nous mesure, « nous » les coureurs. Par contre, il représente une mesure imparfaite pour juger de l’effort à certains moments et c’est encore moins ce qui nous définit. Prenez mon résultat de 31:30 au 10km de l’Université Laval. J’en étais satisfait même si ce chrono était 50 secs plus lent que mon meilleur temps réalisé au printemps. C’est à peu près ce à quoi je m’attendais. L’objectif était de fournir un effort honnête de manière à intégrer cette course dans le portrait global me menant au marathon. J’ai tout de même poussé le rythme en passant en 15:23 au 5km. Après 6 bonnes semaines d’entraînement, les jambes étaient clairement fatiguées, même si j’avais diminué quelque peu la cadence durant la semaine précédant la course. Il aurait été inquiétant si j’avais été en mesure de réaliser mon meilleur temps sur la distance à 4 semaines du marathon, une période où les grosses semaines de volume se succèdent. Dixit mon coach, «ce résultat démontre que tu es en forme, mais aussi que tu t’entraînes à capacité maximale».

J’ai aussitôt rebondi et j’ai connu ma meilleure semaine à l’entraînement dans la semaine suivant la course. Non seulement j’ai atteint un sommet avec 210k, mais j’avais de bonnes sensations à chacune de mes sorties ou presque. Et je suis particulièrement content de la façon dont la semaine s’est terminée avec une longue sortie de 41k au cours de laquelle j’ai couru les 10 derniers km en 32:25. C’était parfait pour clôturer mon cycle d’entraînement intensif et amorcer le « taper ». Et très très bon pour la confiance. Il ne me reste maintenant qu’à affiner ma préparation. Rien à gagner à ce stade et tout à perdre.

Courir après le temps fait également partie de notre quotidien. J’ai reçu un courriel d’un lecteur assidu du blogue qui m’a inspiré quelques conseils/réflexions sur la gestion du temps. C’est probablement le sujet dont les gens m’interpellent le plus et qui, au-delà de mes performances et mes chronos, impressionne le plus mon entourage. Combien de fois ai-je entendu des questions du genre : Comment fais-tu pour courir à ce point avec un travail à temps plein et surtout, une famille de 2 jeunes enfants? Quel est ton horaire d'entraînement typique? Comment gères-tu les imprévus? Tu dois sûrement mettre certaines choses de côté et faire des compromis? À la base, je pense que la clé est d'aimer ce que l’on fait. Le moteur c'est la passion. Ensuite, une foule d'éléments viennent solidifier le tout dans ma situation, tel que le support familial, l'organisation de l’horaire et les ajustements au besoin, le découpage en petites activités quotidiennes, la liste des priorités, les objectifs à atteindre, l’esprit compétitif et le désir de dépassement. Il faut que je m’incline devant ma blonde qui me supporte incommensurablement. C’est l’unique membre de mon conseil d’administration qui a droit de vie ou de mort sur mon projet! J’essaie à mon tour de l’appuyer du mieux que je peux dans ses activités, dont celles liées à son équipe de patin synchronisé de compétition, Évolution, championne canadienne de la saison dernière.

Comme j’aime à le répéter, la course à pied est devenue ma 2e job! Nous avons adapté l’horaire familial de sorte que je puisse courir à des moments sans trop négliger la vie familiale, très importante à mes yeux. Bref, c'est possible d’y arriver avec le désir et la passion nécessaires pour en faire une priorité. Comme toute autre chose que nous voulons réaliser dans nos vies d’ailleurs.

On se reconnecte plus tard…possiblement pour quelques pensées pré-marathon!